Devant les toiles...
Des artistes qui m'ont touchée,
Une pensée particulière à Jacques Truphémus qui est mort en septembre 2017, il peignait si bien les Cévennes et les cafés lyonnais.
Poussière
Avant la torpeur de l'hiver j'époussette
Quand, autre je reviendrai
précieuse sera la poussière sur l'étagère
Rien de vivant que le temps
Fluide grain à grain déposé
sur mes natures mortes
pots coupes et pichets
Pendant que la vie s'agitera ailleurs
seules ombre et lumière
animeront la surface cotonneuse
de mon quotidien manquant
Rien de perceptible que le temps
Enveloppant de son velours
la maison
et mes pensées
Inspiré par les toiles de Morandi exposées à Bologne
Euphorie
Dans l’odeur chaude des pins
Sur les échelles d’aiguilles
Mon étoile s’élance sur les crêtes
Enchaîne les pas de bourrée
Et les pirouettes
Sur les vagues bleutées
En dedans, en dehors
Joue dans les plis toujours recommencés
Des valats et des vallées
NG
(Rêve interdit)
Les Cévennes comme dans une toile de Miro
Van Gogh
Iris
Adossé au cloître, dominé par les Alpilles
Le jardin moutonne de lavandes gris-bleuté
Les cyprès se dressent, les iris s’alignent
La prairie palpite de coquelicots ardents
Un souffle
Anime
D’une vie sous-marine
Les iris en algues ondulantes
Les oliviers frémissant de fièvre.
Un esprit
Tourmente
Les cyprès sombres en branches irritées,
Les montagnes de calcaire sculptées
Par les millénaires à chaque instant d’éternité.
Un regard
Révèle
Les forces du cosmos, attraction-répulsion
Les masses d’air tourbillonnantes des dépressions,
Des enroulements cycloniques.
Le peintre visionnaire
Trace les lignes magnétiques invisibles
D’un monde en vibrations
Que nous ne pouvons plus ignorer.
NG
(Rêve interdit)
1er juin 2012
Saint Paul de Mausole
Jacques Truphémus
Rêve de toiles
Surface blonde chamarrée de touches verticales
Moutonnements verdoyants clairs foncés
Piquetés de jaunes bruns violets
Bleu profond quand le regard s’élève.
Quelques pas en arrière. Le chemin est là
Quittant la lumière pour l’aventure de la forêt
Il faut le suivre et s’enfoncer dans les profondeurs de l’éden
La luxuriance vous enveloppe.
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Une colline parme un arbre pâle
Couleurs d’aquarelle des bruyères et des merisiers
Caressant la toile d’un soir printanier
La fenêtre est ouverte
Vous êtes dans l’ombre de la pièce
Vous êtes chez vous
Demain encore
Vous l’ouvrirez
Dans les carreaux se reflèteront
Les vagues mauves
Et la lueur rose du ciel.
29 mars 2012
Après la visite de l’exposition de Jacques Truphémus
à Lyon « Les trois lumières »
NG (Rêve interdit)
Face au rocher lichen et argent
aux chênes verts
aux cascades de bruyères
en fleurs odorantes
dentelant le ciel
Le paysage me saisit
Le temps est venu
où le nœud tant serré
vibrant de colère
où la spirale s’étant refermée
happée par le trou noir
Le temps est venu
d’accommoder en pelote parfaite
la confiance bousculée
Le temps est venu
d’un retour loyal vers ma demeure
Face au rocher luxuriant persistant
La patience de l'écho
colorise mon âme d'hiver
vert vert
Truphémus Plexus
De deux poèmes je n’ai fait qu’un
Les mots se sont mêlés si bien
L’arbuste au plexus s’est lié
Mon angoisse s’en est effacée
Mon âme colorisée pastel
S'accordant au printemps aquarelle
Plexus
Daniel Doutre
Futur antérieur
La machine de métal tourne infiniment
Un instant : son ombre dessine une forme humaine
Le regard voudrait persister mais
La machine de métal tourne obstinément
L’ombre se défigure, le métal est vainqueur
Plus de mère plus d’enfant, il suffirait
Que la machine de métal tourne lentement
L’homme se révélerait, nouvel Adam figerait
La machine inventerait un paradis mais
Si la machine de métal s’emballe subitement
Plus d’ombre sur la paroi seul un amas restera
Vestige archaïque d’une civilisation novatrice
(Rêve interdit)
28 mars 2012
Après la visite de l’exposition de Daniel Doutre
A Niort « 3010 Héritage »