LES INDULGENTS 2014
D'autres Indulgents
Il ne veut pas être président
Ni directeur ni général
Il n’y pense pas cependant
Que les bienfaisants emplissent son cabas
Qui se fait lourd
Mais dans la tête plus lourd
Encore est l’espoir
Et dans la poche pèse le message
-Un travail peut-être
Du courage sans réserve
Il ne demande rien d’autre
Travailler
Vie laborieuse et tête haute
Mais dans ses yeux qui n’osent briller
À nos regards témoins de dignité
Il montre le message
Et nous nous permettons de croire
(et sourire) à sa place
Que l’attente est longue
Pour celui qui ne veut pas être président
Photo : Sylviane Charvet
A l’orée de la ville
sont des palais de cristal
écrins douillets néons bleutés
pour des mécaniques miroitantes
Sur le trottoir gelé
une silhouette épaisse sans couleur
dans la résignation des microparticules
tendait de maigres journaux aux conducteurs
Une piécette
il ouvrit le journal cet acheteur
et derrière les mots fléchés
reçut en plein cœur les poèmes
des troubadours de la rue
Appel lointain
Rumeurs d’un monde
Tout à mon écoute
Je suis bien celle qui
- Oui oui
Sophie ou Pierre
Nommés ainsi
Pour me plaire
Oui je vis ici
Mais vous si loin
Oui j’ai un toit
(En avez-vous ?)
Vous me proposez
D’acheter, de changer
Portes et fenêtres
Assurance pour
Ma vie, la vôtre
Que vaut-elle
Trois sous pour téléphoner
À ceux qui pillent
Votre terre, Amida, Rachid
Dits Sophie et Pierre
Il faut survivre
Les Indulgents
Elle recoud les lambeaux
De sa vie après chaque explosion
Et le patchwork est plus beau
Chaque fois
Les Indulgents
Ils viennent à l’heure dite
Prennent ce qui est donné
Le pas lourd le dos voûté
Ils défilent avec leur rire
Leurs larmes ou leur transparence
Pour un temps le monde est quitte
Une faveur pour exister
Des mots comme réciprocité
Au revoir la messe est dite
Les voilà sur le pavé
Chacun son rôle a joué
Pour un temps le monde est quitte
Les masques sont rangés
Demain peut-être échangés
Un tour de la fortune
Bien-faisants et Indulgents
Chaussant mêmes cothurnes
Pour un temps le monde sera quitte
Chanter Noël
Un sourire pour un navet
Pour pot au feu un fumet
Pas cher
Je n’avais
Plus rien
Le père Noël est passé si vite
Je ne l’ai pas vu
L’année prochaine peut-être
Il m’enverra ses cadeaux
Il ne reviendra plus
de sa jeune silhouette épuisée
toute bienfaisance acceptée
Il ne reviendra plus
l’étincelle soufflée par l’été
il ne sert à rien de pleurer
Vers qui la main tendue
Il ne reviendra plus
Les chocolats de Noël
sont restés
il avait dit
je les garderai
de cadeau jamais
son beau sourire vrai
mais de cadeau jamais
il avait froid
il avait faim
mais il vivait
son bonheur c’était elle
seuls sont restés
les chocolats de Noël
NG