Ce que j'appelle la réalité ; l'agenda ; l'esprit de joie
C’est une des expériences que j’ai vécues ici, à certains mois d’août, et qui m’ont amenée à la conscience de ce que j’appelle la réalité : quelque chose que je vois devant moi, quelque chose d’abstrait, mais qui réside dans les collines et dans le ciel ; auprès de quoi plus rien ne compte, en quoi je trouverai le repos et continuerai d’exister. Voilà ce que j’appelle la « réalité ». et parfois j’imagine que c’est la chose qui m’est le plus nécessaire, celle que je recherche. Mais qui sait… une fois qu’on prend la plume pour écrire ?… V. W.
Cheminer puis faire halte
claire sur le promontoire
L’émeraude de la forêt
s’est décliné en nuances
insensiblement elle ose
cette métamorphose
Quelques feuillages là-haut
plus dorés se balancent
dans un souffle qui me frôle
Par un léger bruissement
une feuille mordorée
expire à mes pieds
Un appel soudain un envol
sur fond de ciel pastel
Un bruit sourd un pas peut-être
Et je me demande encore
quel complot s’ourdit
sous l’inexorable beauté
de la fin de l’été
NG
5 janvier 1930
Je vais essayer de me soustraire pendant sept jours à l’emprise de voyants. Je me suis arrangée pour aller « voir » les uns et les autres toute cette semaine ; j’ai peiné pour remplir consciencieusement ma tâche : Braithewaite, Miss Matthews, Dottie, Ottoline, Goldie, Sprott, Quentin ; Miss Matheson et Plomer hier soir, et Eddy pour le thé aujourd’hui. Demain ce sera Vita, et samedi Quentin ; mais dimanche, je le jure, personne. V. W.
Avenir rayé
Horizon quadrillé
Burqa ? Prison ?
Grandes lignes
Petits carreaux
Grille de confessionnal
censurant la vie morale ?
Pas de marge
Lignes de lundi à dimanche
Mon enfermement c'est
l'agenda...
NG
18 octobre 1930 L’esprit de joie
Merveille ! Je crois que l’esprit de joie étend de nouveau ses ailes sur moi, après deux jours de Rodmell
V. W.
Après la peine la joie
inquiète devant la tristesse
qui ne laisse pas la place
qui dit tu me regretteras
qui dit méfie-toi
Les mots se cachent sous le silence
On ne les dira pas on n'ose
Des paillettes semées là
Toute la maison scintille de joie
et celles déposées dans mon cœur
ne seront pas victimes de l'aspirateur
du temps
On s'étonne l'air léger soudain
On s'extasie sur les choses
On ose
De la joie,
à peine
NG
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